DÉCOUVRIR
le territoire insulaire et ses enjeux

Le territoire insulaire, quels enjeux?

Par son caractère insulaire, l’île de Noirmoutier a dû s’adapter avec le temps face aux évènements météorologiques. Découvrez dans cette page comment ses habitants ont composé à travers le temps avec les phénomènes météorologiques majeurs et comment elle s’est protégée au fil des années pour préserver son urbanisation et ses activités économiques.

01. Une île façonnée par l’homme

Une île gagnée sur la mer

Ce territoire a été façonné par l’Homme dès l’arrivée des premiers habitants à la Préhistoire. Les terres cultivables sont mises en valeur afin de nourrir la population mais les rendements des méthodes de production sont encore faibles. Pour produire plus, il faut davantage de terres. A partir du Moyen-âge et jusqu’au 19ème siècle s’engage alors la période dite des grands travaux.

Progressivement, les terres sont gagnées sur la mer pour répondre aux besoins des activités agricoles et salicoles. Les premières digues sont construites au 18ème siècle. Elles permettent de consolider et d’assainir les dépôts de boues amenées par les marées. Les terres humides sont drainées, évitant ainsi l’insalubrité des marécages. Les polders, nouvellement créés, sont mis en valeur et exploités pour la saliculture, la pisciculture et l’ostréiculture. Ce même siècle est aménagé un port de commerce grâce à la construction de digues de dessèchement qui rend possible la navigation là où les navires étaient autrefois facilement envasés.

Projets et réalisations de conquêtes sur les rives de la Baie de Bourgneuf au cours des âges

(Source : F.Verger)

Une lutte permanente contre les éléments naturels

L'île est constituée en grande partie de marais et de dunes et possède un relief bas voir très bas sur de vastes secteurs qui l'expose aux assauts de la mer. Dans sa configuration actuelle, l’île culmine d’ailleurs à 23 m au-dessus du niveau de la mer seulement (en un point nommé Pé de l'Herse à La Guérinière au sein du bois des Eloux).


De tout temps, les tempêtes ont provoqué des dégâts sur les côtes de l’île. A plusieurs occasions au cours des 300 dernières années, elles ont provoqué des inondations par un débordement de la mer. En 1937, une inondation majeure a d’ailleurs failli couper l’île en deux.

Deux types de phénomènes vont ainsi particulièrement peser sur le développement urbain de l’île et son aménagement :

  • Les volements de sables en provenance des dunes qui recouvrent les terres agricoles et les habitations ;
  • Les tempêtes qui provoquent des destructions et des inondations des zones basses.

Pour lutter contre les volements de sable, Napoléon fait procéder en 1810 à une campagne de plantation sur les espaces dunaires. Le développement d’un couvert végétal est destiné à maintenir le sable en place. En 1820, un arrêté préfectoral interdit le « parcours des bestiaux sur les dunes mais également d’y opérer aucune coupe » afin de limiter la dégradation des cordons dunaires.

Pour lutter contre les tempêtes et le recul du trait de côte qu’elles entrainent, des ouvrages de protection sont édifiés. La Pointe du Devin devient la première grande digue construite. Elle est considérée d’utilité publique. A La Guérinière, la tempête de février 1838 entraine la construction
de 1700 mètres d’ouvrages de défense. Sur la côte nord, un ouvrage est construit au Vieil et au Sableau.

Digues de Devin, relevés comparatifs des travaux faits à la digue, par Nicolas Dorotte
(Source : Coutureau et Maheux, 2000)

Le 19ème siècle, un tournant démographique

Jusqu’au 19ème siècle, le cordon dunaire était quasiment vierge de toute construction. Les zones d’habitat étaient localisées dans les zones d’accostage les plus accessibles et les plus protégées des vents d’ouest (Noirmoutier-en-l’Île) et quelques villages étaient disséminés sur le revers oriental du cordon dunaire, au contact du marais. Le cordon dunaire, qui enregistre des valeurs topographiques plus élevées, constitue alors une barrière naturelle qui isole le marais de l’océan. A partir du dernier quart du 19ème siècle, le littoral atlantique est marqué par le développement des stations balnéaires avec la mode des « bains de mer ». C’est l’essor progressif du tourisme qui commence. Il sera fortement accentué au cours du 20ème siècle et plus précisément en 1971, date à laquelle est construit le pont qui relie l’île au continent. Il répond à une sur fréquentation du Gois, notamment en période estivale où le trafic automobile arrive à saturation. Le rattachement au continent constitue un tournant pour le développement touristique de l’île.

Le pont de Noirmoutier

(Source : Archives départementales de la Vendée, 6 Fi 1153)

UN RACCORDEMENT QUI A FAVORISÉ L'EXTENSION DE L'URBANISATION ET AUGMENTÉ L'EXPOSITION AU RISQUE

Initiée par le développement du tourisme balnéaire de masse dans les années 50 puis accentuée avec la construction du pont, l’extension de l’urbanisation s’opère à partir des centres bourgs anciens de l’Herbaudière, Noirmoutier-en-l’Île, l’Épine, La Guérinière et Barbâtre. Elle se poursuit ensuite progressivement autour des principales voies de communication. La densification s’opère également par le développement de nombreux lotissements pour répondre à la demande grandissante de résidences secondaires. L’accroissement de l’activité touristique entraîne le développement de nombreux aménagements tels que des parkings, campings, lieux de colonies de vacances, centres nautiques ou encore ports de plaisance. 

La plage des Dames avec au fond l’estacade

(Source : Archives départementales de la Vendée, 6 Fi 590)

Entre 1968 et 2019 la population totale a augmenté de 21,4%, passant de 7 966 à 9 226 habitants. Pour répondre à la pression foncière engendrée par l’attractivité de l’île, espaces résidentiels et zones d’activités vont progressivement se déployer sur des zones auparavant peu ou pas urbanisées et potentiellement plus exposées aux risques que les centres anciens des 4 communes.

02. Une île attractive qui regroupe de nombreux enjeux

La communauté de communes de l’île de Noirmoutier totalise sur son périmètre 9 226 habitants (données INSEE 2019) répartis sur ses quatre communes.

Sur les 15 903 logements répertoriés en 2019, 4 770 sont des résidences principales (soit 30%), 10 858 sont des résidences secondaires (soit 68,3%) et 275 logements sont vacants (soit 1,7%). Cette répartition témoigne de l’attractivité touristique de l’île.

Durant la seconde moitié du 20ème siècle, le tissu économique de l’île s’est fortement développé et diversifié, accompagnant l’essor touristique du territoire et son urbanisation. Au sein de l’île, les trois secteurs d’activités : primaires, secondaires et tertiaires sont représentés.

Le secteur tertiaire marchand de l’île (commerce, transports, activités financières, services rendus aux entreprises, services rendus aux particuliers, hébergement-restauration, immobilier, information-communication) est développé et particulièrement axé sur les activités touristiques.

Il est complété par des activités du secteur tertiaire non-marchand (administration publique, enseignement, santé humaine, action sociale) qui jouent également un rôle moteur dans l’économie locale.

Les activités primaires, qui regroupent l’ensemble des activités dont la finalité consiste en une exploitation des ressources naturelles, sont représentées à travers l’agriculture, la conchyliculture et la saliculture principalement. Au-delà de leur poids économique significatif, ces secteurs d’activité primaires ont une place centrale pour l’image et le rayonnement de l’île à l’échelle nationale, avec la renommée des pommes de terre, du sel et des coquillages de Noirmoutier. Elles jouent notamment un rôle important dans l’attractivité touristique de l’île.

03. Une île soumise aux aléas météorologiques et marins

Malgré l’aménagement du territoire dans une logique de protection contre les risques littoraux, l’historique de l’île est jalonné d’évènements météo-marins exceptionnels ayant entrainé des dégâts matériels sur le territoire. A noter que la fréquence de ces derniers évolue dans le temps et tend à
augmenter avec la hausse du niveau des océans induit par le changement climatique.

Le diagramme ci-dessous vous donne à voir le nombre d’évènements météorologiques et marins extrêmes cumulés par périodes de 40 ans depuis le début du 18ème siècle.

Cliquez ci-dessous sur l’onglet de la période qui vous intéresse : la carte correspondant s’affiche et vous pouvez visualiser les événements survenus sur cette période et consulter la fiche descriptive des évènements les plus marquants

04. Une île qui se protège

D’abord érigé pour étendre son territoire, l’île de Noirmoutier est aujourd’hui équipée d’un vaste et complexe système d’ouvrages de protection qui lui assure au quotidien une protection face aux événements naturels. 

Les pourtours de l’île sont protégés à l’aide de différents ouvrages dimensionnés en fonction des différences d’exposition au risque, notamment entre côte est et côte ouest. Selon leur nature, ils sont classés en deux catégories distinctes : 

  • Les ouvrages de protection composant le système d’endiguement assurant une protection contre la submersion marine : principalement situé sur la côte est de l’île. 
  • Les ouvrages ne relevant pas de ce système d’endiguement. Ce sont majoritairement des ouvrages situés sur la côte ouest, visant à lutter contre l’érosion littorale et à fixer le trait de côte.

Cette distinction est particulièrement importante puisque seuls les ouvrages inscrits dans le système d’endiguement déclaré par la Communauté de communes auprès des services de l’État sont intégrés en tant que tel dans les modélisations lors de la caractérisation de l’aléa

En effet, le système d’endiguement rassemble des ouvrages conçus pour assurer la sécurité des biens et des personnes contre le risque submersion et inondation et offrant un niveau de protection précis, connu à l’avance et « homologué » par une étude de danger

A l’inverse, même lorsque qu’ils leur ressemblent par les matériaux qu’ils utilisent ou par leur forme, les ouvrages de lutte contre l’érosion ne garantisse aucune protection fiable contre la submersion. On ne dispose d’ailleurs d’aucune donnée pour prévoir leur comportement face aux tempêtes. Pour modéliser l’aléa submersion, ils sont donc considérés dans les études du PPRL uniquement comme des éléments participant du relief de la côte. 

La communauté de communes de l’île de Noirmoutier a la particularité d’avoir pris en gestion dès la fin des années 1970 l’entièreté de la gestion des ouvrages de l’île. Elle dispose donc aujourd’hui d’une connaissance fine de l’ensemble des ouvrages dont elle assure le suivi et l’entretien. Son site internet détaille ainsi les différentes typologies d’ouvrages recensés sur son territoire. 

Au travers de son Programme d’Action de Prévention des Inondations, l’intercommunalité porte également des projets visant à renforcer le niveau de protection assuré par son système d’endiguement. Le projet des 3 étiers voté en 2022 par le conseil communautaire de l’île de Noirmoutier en fait partie.

Ces actions sur les ouvrages sont complétées par une politique de suivi de l’évolution du trait de côte, des actions de sensibilisation de la population sur les risques littoraux, ainsi que des actions d’aide à la réduction de la vulnérabilité de l’habitat.

(pour plus d’information se référer à la page En savoir plus.)