Les risques littoraux découlent de phénomènes naturels spécifiques à la bande côtière :
Des phénomènes qui échappent au contrôle des êtres humains et se produisent de façon aléatoire (ils sont également désignés sous le terme d’aléas)
Des phénomènes qui sont potentiellement dangereux pour la sécurité des personnes et des biens
Trois grands types de phénomènes naturels sont considérés comme susceptibles de représenter un risque : la submersion marine, le recul du trait de côte et les chocs mécaniques liés aux vagues.
Cette révision du PPRL sera aussi l’occasion d’intégrer les risques liés aux feux de forêts et au ruissellement.
01. La submersion marine
La submersion marine désigne une inondation temporaire de la zone côtière par la mer dans des conditions météorologiques extrêmes.
C’est souvent le premier phénomène auquel on pense quand on évoque les risques littoraux. Il peut en effet s’avérer particulièrement spectaculaire par sa rapidité et/ou son l’ampleur. Comme tout phénomène d’inondation, il peut également avoir des conséquences graves pour la population occupant les zones touchées.
En France, sur la façade atlantique, les épisodes de submersion marine se produisent essentiellement lors de tempêtes. En effet, plusieurs facteurs entrent en jeu lors de ces phénomènes :
La pression atmosphérique et le vent au niveau de la côte
Une côte présentant peu de relief en front de mer présente un risque plus important d’être confrontée à des épisodes de submersion marine. En cas de tempête et de hausse temporaire du niveau de la mer, l’eau ne rencontre pas d’obstacle et pénètre à l’intérieur des terres, parfois sur de larges secteurs. La présence d’un relief plus marqué en front de mer, ou d’éléments de protection qu’ils soient artificiels (ouvrage de protection de type digue ou perré) ou naturels (cordon dunaire), ne supprime toutefois pas complètement le risque !
Un franchissement par paquets de mer. Dans ce cas de figure, les vagues viennent heurter violemment la côte et franchir en partie la limite terre-mer habituelle. L’inondation reste le plus souvent limitée mais les biens en front de mer peuvent être endommagés par la violence de l’impact des paquets de mer. Quant aux personnes circulant à pied ou en véhicule, elles courent le risque de se voir emporter par un paquet de mer.
Un débordement. Si le niveau de la mer sous l’effet cumulé de la marée et de la houle et du vent monte au-dessus du niveau d’une dune ou d’un ouvrage de protection.
Une brèche dans un cordon dunaire ou un ouvrage. Les cordons dunaires, peuvent être fragilisés par le phénomène d’érosion progressive et être amenés à céder en certains points lors d’épisodes météorologues extrêmes. De la même façon, les ouvrages de protection sont par nature soumis à de fortes contraintes mécaniques, et même entretenus régulièrement, le risque de brèche ou de rupture n’est jamais exclu.
02. Le recul du trait de côte
L'érosion
L’érosion littorale est un phénomène qui se traduit par le recul du trait de côte : c’est le déplacement de la limite entre le milieu marin et continental vers l’intérieur des terres, suite au départ de matériaux (sables, roches, sédiments).
Ce phénomène n’est pas uniforme et varie fortement selon les points du littoral atlantique. Le recul du trait de côte est alimenté par deux phénomènes combinés : l’érosion marine et l’érosion continentale.
l'Érosion marine :
C’est la dégradation mécanique du relief sous la force des éléments marins. Par leur action conjuguée, le vent, de la houle et les courants viennent prélever des sédiments sur les plages et les pieds de dunes ou creuser la roche en pieds de falaises.
l'Érosion continentale :
Contrairement à une idée reçue, l’effet d’usure mécanique causée par les vagues n’est pas l’unique cause d’érosion littorale. Le ruissellement des eaux pluviales, le piétinement, la croissance des végétaux participent également à l’effritement progressif des pans de falaises ou à une perte de sédiments sur les plages des côtes sableuses.
Localement, l’activité humaine peut accentuer les phénomènes d’érosion. On pense notamment ici au cas de sur-fréquentation du trait de côte, d’imperméabilisation des sols conduisant à un ruissellement accru des eaux pluviales sur le front de mer, ou à la construction d’ouvrages de fixation du trait de côte qui ont pour conséquence de reporter le phénomène sur les espaces contigus.
A moyen et long terme, des usages du front de mer (les usage de loisir, mais également des usages résidentiels) sont menacés par l’érosion en certains points du littoral.
Mais ce phénomène dynamique est également à prendre en compte dans l’évaluation du risque submersion. En réduisant l’espace « tampon » entre l’estran et les espaces bâtis du front de mer, l’érosion peut en effet augmenter leur vulnérabilité au risque submersion.
La migration dunaire
La migration dunaire est le mouvement des dunes, vers l’intérieur des terres. Les actions conjuguées de la mer et du vent ont pour effet de déplacer les sables et donc de modifier la morphologie du littoral.
Il ne faut pas confondre ce phénomène avec l’érosion dunaire évoquée ci-dessus. Ici le risque est de voir des espaces urbanisés progressivement gagnés par le sable et recouverts par la dune.
Le risque de submersion marine et d’érosion littorale sont tous deux accentués par le changement climatique du fait de la montée progressive des océans et de l’augmentation de la fréquence des tempêtes de forte intensité qu’il engendre.
Selon les prévisions du GIEC, le niveau des océans est amené à augmenter significativement dans les 100 ans du fait de la fonte des glaces engendrée par le changement climatique. Les dernières estimations prévoient une élévation entre 28 et 110 cm.
Dans le cadre du PPRL, une hypothèse de base est appliquée : elle correspondant à une élévation du niveau des océans de 20 cm à courte échéance, augmenté de 40 cm à échéance 100 ans, soit 60 cm au final.
03. Les chocs mécaniques liés aux vagues
Lorsqu’une submersion par franchissement se produit sur une portion de la côte, plusieurs phénomènes de nature distincte sont susceptibles d’engendrer des dégâts : le phénomène inondation en lui-même mais également les chocs mécaniques des vagues (et les projections d’eau créées par les vagues, on parle également de paquets de mer). Lorsque des zones de franchissements importants sont identifiées, une analyse spécifique de la topographie en arrière ainsi que des efforts et dynamiques d’impact des franchissements de vague est menée. Cela permet de déterminer :
la largeur et la profondeur de la bande de terre concernée ;
les différents types d’aléas (moyen, fort, très fort) et les enjeux offrant des sensibilités à cet aléa (dégâts aux bâtiments, dangers pour les piétons, dangers pour les véhicules...).
04. Le ruissellement
Le phénomène de ruissellement sera pris en compte de façon simplifiée dans l'étude. Il ne s'agit pas d'aboutir à un zonage lié aux phénomènes de ruissellement. Il s'agit plutôt d'évaluer de façon globale dans quelle mesure les volumes d'eau ruisselés impactent les volumes débordés lors d'une submersion marine au cours d'un événement tempétueux.
05. Les feux de forêt
Le PPRL approuvé le 30 octobre 2015 était un PPR multirisques qui intégrait également l’aléa feu de forêt qui n’avait pas fait l’objet de prescriptions. La DDTM85 souhaite intégrer à nouveau ces cartes d’aléas dans le nouveau PPR pour information.
L’outil PPRL
Comment s’est construite la notion de risques littoraux ?
La submersion marine, le recul du trait de côté, les chocs mécaniques liés aux vagues et les feux de forêts sont des aléas naturels ayant toujours existé. Néanmoins, délaisser une approche fataliste pour chercher à évaluer finement les niveaux des risques naturels constitue une approche relativement récente.
Ce n’est qu’à partir des années 1980, que les pouvoir publiques se sont dotés progressivement d’outils stratégiques et réglementaires visant à anticiper et prévenir au maximum les risques naturels et industriels.
Le Plan de Prévention des Risques Littoraux est le dernier né de cet arsenal préventif. Cet outil réglementaire trouve toute sa pertinence dans le contexte actuel où les espaces littoraux, très attractifs, concentrent toujours plus d’activités humaines, et où le réchauffement climatique implique des risques accrus.
Parfois encore mal connu du grand public, il obéit aujourd’hui à des principes et une méthode éprouvée au niveau national.
01. La politique de prévention en France
Les Plans de Prévention des Risques Littoraux ont été définis en 2011 suite à la tempête Xynthia survenue un an plus tôt. Elle constitue l’évènement de référence ayant servi à l’élaboration de ces documents réglementaires.
Le graphique ci-dessous retrace l’évolution de la politique de prévention des risques et de la façon dont celle-ci s’est construite par à coup en réaction à différentes catastrophes majeures ayant marqué l’opinion au cours des 50 dernières années pour aboutir finalement à la publication d’un décret et d’un arrêté en juillet 2019.
02. Les objectifs du PPRL
Le PPRL est un outil réglementaire élaboré par l’État en association avec les collectivités locales et les représentants des porteurs d’intérêts locaux.
Il prend appuie sur un guide méthodologique publié en 2014, qui a été mis à jour en 2021 suite à la publication du décret et de l’arrêté du 5 juillet 2019 pour prendre en compte les retours d’expérience de la première génération de PPRL mise en place après la tempête Xynthia
Le PPRL sert 4 objectifs :
Informer le public sur les risques
Encadrer le développement à venir du tissu urbain de manière à tenir compte des différents niveaux de risques identifiés sur le territoire
Réglementer la construction afin d’adapter le bâti existant au risque d’inondation par des travaux de mise en sûreté obligatoires ou recommandés
Améliorer la gestion de crise par la prescription de mesures de sauvegarde de la population adaptées aux spécificités de chaque zone du territoire couvert par le PPRL
Il prend appui sur la formule ALÉAS X ENJEUX = RISQUE
Le niveau de risque est défini par le croisement entre la carte des aléas et celle des enjeux.
Un phénomène naturel de submersion marine ne devient potentiellement dangereux que s’il survient sur une zone où sont présents des enjeux, c’est- à-dire une zone utilisée pour des activités humaines ou présentant des sensibilités environnementales notables.
C’est pourquoi les études prévoient non seulement de modéliser les potentiels aléas naturels sur le territoire, mais également de répertorier finement les différents enjeux ainsi que leur degré de sensibilité.
Il s’agit par exemple de répondre aux questions suivantes :
Quelles sont les sensibilités du bâti à usage résidentiel ?
Quelles sont les sensibilités concernant les structures recevant du publique ?
Quelles sont les activités économiques du secteur primaire, secondaire et tertiaire potentiellement impactées ?
Des espèces animales ou végétale sont-elles présentes, sont-elles susceptibles d’être impactées en cas de submersion ?
Le Plan de prévention des risques littoraux en vigueur sur l’île de Noirmoutier se compose de trois parties :
Un zonage réglementaire En pratique c’est la carte qui permet à tout à chacun de prendre connaissance de la catégorie de règles qui s’appliquent dans la zone où se situent son habitation, son entreprise, etc.
Le PPRL de l’île de Noirmoutier en vigueur, approuvé en 2015, n’intègre pas la dimension du changement climatique. Or il s’agit désormais d’une obligation pour se conformer à la réglementation nationale. C’est pourquoi le Préfet de Vendée, a acté le lancement de la démarche de révision à horizon 2022 dès 2018 (arrêté du 10 septembre 2018 approuvant la Stratégie Locale de Gestion des Risques d’Inondation (SLGRI) du territoire de l’île de Noirmoutier)
En effet les PPRL doivent établir deux estimations de l’aléa :
Une prévision qui s’appuie sur l’analyse des évènement passés (avec ici comme évènement de référence la tempête Xynthia)
Une prévision de l’aléa dans 100 ans
L’objectif ? Pouvoir donner aux collectivités locales un maximum de la visibilité sur l’évolution du niveau de risque à anticiper dans les stratégies d’aménagement qu’elles déploient à moyen et long terme.
01. Les modalités de prise en compte du changement climatique
L’élévation du niveau des océans est d’ores et déjà une réalité observable. Les scientifiques du GIEC rapportent une élévation de 7,5 cm environ sur les 25 dernières années. Mais surtout, ils s’accordent sur le fait que ce phénomène est amené à s’accélérer dans les prochaines années, du fait de la fonte rapide des glaces entrainée par le changement climatique.
Actuellement sur tout le territoire français, l’hypothèse de base retenue par les services de l’État pour tenir compte des effets du changement climatique s’appuie sur les travaux transcrits dans le décret et l’arrêté du 5 juillet 2019. Elle correspond à une élévation des océans de 20 cm à courte échéance augmentée de 40 cm à échéance 100 ans, soit 60 cm au final.
02. Le périmètre d'étude
Le périmètre sur lequel porteront les différentes phases des études réalisées pour la révision comprend les quatre communes de l’Île : (1) Noirmoutier-en- l’Île, (2) L’Epine, (3) La Guérinière et (4) Barbâtre ainsi que l’île du Pilier située au nord-ouest (commune de Noirmoutier-en-l’Île). Cette dernière n’était pas incluse dans le périmètre du PPRL adopté en 2015.
Chiffres cléS
9226 habitants
48,84 km2
03. Les étapes de l'élaboration
L’élaboration de la révision d’un PPRL est une démarche au long cours qui repose sur différentes étapes clés encadrées et réglementées.
Le graphique ci-dessous donne à voir les grandes étapes qui conduiront à l’approbation par le Préfet et à l’entrée en vigueur de cette nouvelle version du PPRL.
04. La gouvernance du PPRL
Le PPRL est un document élaboré à l’initiative du Préfet, par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer. Son élaboration est menée en concertation avec les acteurs locaux, au premier rang desquels les collectivités territoriales.
Le Préfet de Vendée. Il prescrit l’élaboration des PPRL dans le département et en délègue le pilotage à ses services et approuve le règlement issu de la procédure.
La Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) de Vendée. C’est la structure à l’initiative du PPRL et l’organisme qui pilotera l’étude.
Les membres des COPIL Les membres du comité de pilotage interviennent lors de l’avancement des différentes phases de l’élaboration du PPRL en apportant une expertise fine du territoire et de ses enjeux. Il s’agit notamment des acteurs institutionnels locaux et des représentants collectivité locales, au premier rang desquels les maires des communes et le président de l’intercommunalité. Ces derniers sont en effet responsables de la maîtrise de l’urbanisation vis-à-vis des risques naturels et technologiques. Ils doivent donc transcrire dans leurs documents d’urbanisme les prescriptions du PPRL et sont donc étroitement associés à sa définition. Dans le cadre de cette révision, le choix a été fait d’aller au-delà de la liste des membres obligatoires pour associer le plus largement possible le territoire de l’île de Noirmoutier à la démarche.
Les membres des Cotech Ils comprennent les membres du COPIL ainsi que porteurs d’intérêts locaux organisées sous forme collective (association, syndicats professionnels, etc.) susceptibles d’apporter leurs connaissances sur des questions techniques ou sur des secteurs spécifiques lors des comités techniques.
05. Le groupement en charge des études
Mandaté par la DDTM de la Vendée ce groupement d’entreprises basées en région Pays de la Loire conduit les études devant aboutir à la révision du PPRL en se basant sur les prescriptions de l’Etat :
DHI : Apporte la connaissance maritime, retrace l’historique des évènements, procède à la modélisation hydraulique des études.
ANTEA Group : Apporte la connaissance structurelle sur les ouvrages de protection, cartographie les enjeux.
L’agence TACT : Accompagne les différentes étapes sur le volet information, pédagogie, animation.